Lorsque descend le soir
LORSQUE DESCEND LE SOIR
Lorsque descend le soir,
Souvent je vais m’asseoir
Près du vieux magnolier
Au pied de l’escalier
Et j’attends que pénètre
La calme dans mon être.
Je demeure immobile,
La rumeur de la ville
S’estompe lentement
Et c’est l’enchantement :
L’ombre se fait épaisse,
Et voici que renaissent
Les senteurs et les bruits
Qui précèdent la nuit.
Comme en un florilège,
Au loin quelques arpèges,
S’égrenant en cristal
Donnent un récital,
La chouette qui s’éveille
Quand s’éteint le soleil,
Sur sa branche perchée,
Convoite une nichée,
Le miaulement sourd
D’un chat en mal d’amour,
A travers la campagne
Appelle une compagne,
Un pâle rai de lune
Eclaire l’aile brune
D’un oiseau qu’a surpris
La nuit loin de son nid,
Et la f aune et la flore
Se rappellent encore
La courbe de ton cou
Dans la pénombre floue.
Mais le vent qui se lève
Et qui brise mon rêve
A soudain ridé l’eau,
Fait bruire le bouleau,
Tandis que les nuages
Crèvent en un orage,
Et la girouette pleure
La mort lente de l’heure.