Sans attendre Saint-Valentin
SANS ATTENDRE SAINT VALENTIN
Sans attendre Saint-Valentin,
Dans l’air ténu de l’aube claire,
Un amour est né ce matin
Au pied du chêne centenaire.
Il arrivait de nulle part
Et le vent doux l’a déposé
Sous le vieil arbre par hasard
Dans une goutte de rosée.
Il a gonflé sans crier gare
Le cœur tendre de deux enfants,
Et jaillissant de leur regard,
Il s’est nourri de leur vingt ans.
Abrité par de hautes pousses
De toute visite indiscrète,
Il s’est allongé sur la mousse
Comme en une couche secrète.
D’abord timide et hésitant,
Tel un feu doux couvant dans l’âtre,
Il a fait fuir, s’enhardissant,
La chouette prude et acariâtre.
Puis djinn, archange ou bien lutin,
Il est parti soudainement
Illuminer d’autres matins
Et réunir d’autres amants