Roman Opération Père Noël -Nouvel extrait-

Publié le par Robert Ezdra


Extrait 5
C’était la première fois que Fred, Max et Momo mettaient le pied sur le sol des Etats-Unis. Ils s ‘étaient promis de se rendre en pélerinage, dès leur arrivée, sur la tombe de leur idole, le grand Al Capone. Mais un gorille au visage d’ange les attendait à l’aéroport. Il leur évita les formalités douanières, donna des ordres pour faire suivre leurs bagages et les fit monter dans une limousine longue comme un autobus qui démarra aussitôt. Trente minutes plus tard, ils étaient introduits dans le bureau du général Mitchway.

-Méchieurs, dit le général qui avait appris le Français avec une strip-teaseuse  auvergnate en tournée à Las Vegas, permettez-moi de vous présenter le major Barbara Altright, (Putain la meuf, pensa Momo),  et monchieur Tom.

Monsieur Tom, assis dans un coin peu éclairé du bureau, baissa légèrement la tête à l’énoncé de son nom, satisfaisant ainsi aux règles de la courtoisie. Fred rendit la politesse en touchant d’un doigt le bord de son chapeau et reporta son attention sur  Barbara Altright qui s’avançait vers eux, sourire aux lèvres et main tendue.

-J’espère que vous excusera mon Français, dit-elle. Je ne parle pas bon, mais je comprende perfectement. Je expliqué déjà tout à mon chef, so nous pouvons entrer dans la vie du sujet.

-Le vif, la reprit le général, le vif du sujet. Effectivement, le Major m’a mis au courant de votre... comment dire... de votre contre-performanche et vous m’en voyez désolé

-Faut pas, mon général, le coupa Fred. Comme on l’a déjà dit, on a eu un problème avec le matériel, c’est des choses qui arrivent, pas vrai ? C’est pas vous qui allez dire le contraire avec vos astronautes qui explosent à Cap Canaveral, ou avec vos hélico qui jouent aux autos-tamponneuses. Mais on va vous tirer de là, surtout maintenant qu’on sait pour qui on gratte vraiment, ya pas de lézard. Vous voulez savoir ce qu’on va faire ?

-Dites toujours, l’encouragea Mitchway qui n’avait pas bien compris  en quoi l’absence de lézard pouvait favoriser le plan conçu par les Français.

-Eh ben voilà. Ya deux solutions. La première c’est d ‘organiser un commando et d’enlever le Père Noël. Comme on a déjà repéré les lieux, ça serait nous qu’on seraient les chefs de l’expédition et alors là, vous pouvez nous faire confiance, mon Général. Mais y a un risque : Si on tombe pas tout de suite sur lui, ils peuvent l’emmener ailleurs, ces macaques, et après, pour le retrouver, je vous dis pas la galère. C’est pour ça que j’ai pensé à autre chose et là on vous passe la main. A chacun sa spécialité, pas vrai?

-Et c’est quoi, la autre chose ? demanda Barbara                       

-Faire tomber le Gouloulou par un coup d’état.


-Un coup de quoi ?

-Un putsh ma Chère, expliqua le général qui marqua une pose avant de se tourner vers ses visiteurs. Voyez-vous, Méchieurs, notre analyse de la chituation m'a amené à des conclusions proches des vôtres, très proches... à un détail près chependant. (1)

-Quel détail ? demandèrent Fred, Max et Momo d’une même voix.

-Voilà : Effectivement, le putsh nous semble représenter la meilleure solution. C’est un jeu d’enfant dont nous connaissons bien les règles et c’est ce à quoi nous allons nous employer. Mais ce sera sans vous, mes braves amis et j’aimerais que vous ne vous en offusquassiez point (la strip-teaseuse auvergnate parlait un Français très pur).

-Sans nous ? Pourquoi sans nous ?

-Mais, répondit le général avec un large sourire, parce que vous serez morts, mes très chers amis. Allons, voyons, faites un effort de  compréhension. Bien  malgré nous  convenez-en, vous
détenez maintenant des informations relevant du top-secret défense. Vous ne pouvez vous en prendre qu’à vous-mêmes, à votre maladresse de la première heure. Si vous aviez descendu proprement le Père Noël, je serais à l’heure qu’il est en train de manier mon club sur mon green privé et je n’aurais jamais entendu parler de cette affaire que mon état-major avait fort bien réglée  sans moi.

Barbara Altright rosit sous le compliment de son général d’amant et se promit de l’en récompenser le soir même, lorsque le personnel aurait quitté les bureaux. Mais pour l’heure, elle était surprise par le calme des Français.

-My friends, leur dit-elle, votre sérénissime...

-Sérénité, rectifia le général

-Votre sérénité et votre courage m’impressionnent, je dois le dire à vous. Rony... sorry....le Général annonce que vous va mourir et vous ne réagit pas. Casquette !

-Chapeau, rectifia le général

-Chapeau ! Vous êtes bien les enfants de la fillette...

-La Fayette, rectifia le général. Mais c’est assez parlé. Messieurs, préparez-vous à quitter cette vallée de larmes.

Monsieur Tom, qui jusqu’ alors n’avait rien dit, se leva, se tourna vers le trio, ouvrit sa veste pour exhiber l’énorme révolver passé dans sa ceinture et déclara :

-Ok, boys, let’s go !

Leur collègue américain s’exprimait en une langue qui leur était étrangère mais les trois Français comprirent parfaitement le sens général de ses propos. Pourtant, ils ne réagirent pas.


-Mes amis, dit Barbara, peut-être vous pas compris ça que...

-Vous faites pas de mourron, Beauté, intervint Fred, on a tout capté, d’autant plus qu’on s’attendait à une entourloupe de votre part, on les connaît vos coups fourrés. Et c’est pour ça, vous pensez bien, qu’on a pris nos précautions. Pas folle, la guêpe !

Le  mourron  et la guêpe  allèrent  rejoindre le  lézard dans  la liste des  propos incompréhensibles de Fred qui poursuivit:

-Eh oui, Miss, on a préparé un petit message de derrière les fagots, (c’est peut-être de là que viennent le lézard et la guêpe, pensa le général), et si on n’appelle pas nos moitiés tous les matins  et tous  les  soirs  jusqu’à la  fin de  l’opération,  il part dans la nature, le message.

-Dans la nature ?

Façon de parler ! Ca veut dire qu’il sera envoyé à toutes les agences de presse, avec instructions de le communiquer en priorité aux publications destinées aux enfants. C’est ça qui va pas être bon pour votre image de marque. Quand tous les mômes du monde apprendront que vous avez voulu butter le Père Noël, ça va chauffer pour votre matricule, vous pouvez me croire sur parole.

Le Général le croyait volontiers. Il imaginait déjà des cohortes de bambins déferlant de tous les continents, armés de hochets, de sabres de bois et d’épées en plastique. Il faudrait alors convaincre le Congrès que le salut du monde libre passait par l‘anéantissement de ces délinquants juvéniles, ce qui ne présenterait pas de difficultés majeures s’agissant des petits Nègres, des jeunes Arabes, des mioches aux yeux bridés ou des Portos en culottes courtes. Mais que faire contre les rejetons de l’Oncle Sam parmi lesquels se trouverait, Ronald Mitchway n’en doutait pas, son adorable petite-fille Jennifer ? A cette pensée, les larmes jaillirent des yeux du bon général. Il fit un signe discret à Monsieur Tom qui se rassit dans son coin et, se tournant vers Fred, Max et Momo, passa familièrement ses bras autour de leurs  épaules :

-Mes amis, je n’ai qu’un mot à dire : Bravo ! Nous avons voulu vous faire subir un test et vous l’avez passé avec brio... Vous accompagnerez donc le Major et Monsieur Tom en Afrique.

-Un test, tu parles, rétorqua Momo. Et mon cul c’est du poulet?

-Votre cul c’est du poulet ? s’étonna le général. Il semble que mon  professeur  ne m’ait pas tout appris des subtilités de votre langue. Je ne comprends pas toujours ce que vous dites et vous ne pouvez malheureusement pas m’aider, vous ne connaissez pas un mot d’Anglais.

-Erreur mon général, répondit Fred, j’en connais un : Fuck you!



1 - (Parvenu à ce stade du récit et soucieux du confort de son  lecteur, l'auteur fera dorénavant l'impasse sur les "che" disgracieux du général)
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